La guerre des int�r�ts

Dim 3 mars 2013 � 20:38 par J�r�me Carlos Prenez-le pour parole d'�vangile : ce sont les int�r�ts qui dirigent le monde. L'int�r�t est � comprendre, ici, comme la recherche de l'avantage personnel. Ce qui met en lumi�re la tendance, plut�t �go�ste, propre � chacun, de chercher � rapporter tout � soi, � tout subordonner � ce qui lui convient.

L'int�r�t d'un seul a la clart� du jour. Il est aussi visible que lisible. Il en est tout autrement quand il s'agit de plusieurs int�r�ts juxtapos�s. La probabilit� est forte de les voir entrer en conflit, se t�lescoper, se heurter. Le choc des int�r�ts contraires est presque toujours explosif. On court le risque de tout faire sauter, de tout r�duire en cendres.

Le B�nin couve une crise dure. Elle malm�ne trois domaines de la vie nationale. Sur le plan �lectoral, il y a le toilettage et la mise en �uvre de la Liste �lectorale permanente informatis�e (L�pi). Au niveau consulaire, il y a � mettre en route la Chambre de commerce et d'Industrie. Apr�s qu'on l'eut r�nov�e et r�form�e. Au terme d'�lections propres et sans tache. En sport, notre football ne respire pas la forme, d�chir� par une guerre de leadership.

La L�pi est con�ue pour mettre un terme aux d�sordres et aux d�rives qui faussent l'organisation de nos diverses �lections. Les technologies les plus avanc�es et les mieux �prouv�es sont convoqu�es. Objectif : hisser notre pays � la hauteur des pays d�mocratiques qui font un parcours sans faute dans l'organisation de leurs divers scrutins. Pas de magouille. Pas de tripatouillage.

La v�rit�, c'est que la L�pi survient dans un contexte de vol g�n�ralis�. Jusque l�, l'int�r�t des uns et des autres a toujours �t� de frauder. Le mode op�ratoire est connu : chacun triche dans son fief, sans d�ranger l'autre, sans �tre pour lui un emp�cheur de voler tranquille et en rond. Or, la technologie induite par la L�pi brise ce consensus malsain. Elle n'autorise plus personne � voler dans son coin. D�s lors, l'int�r�t de chacun, dans chaque camp, c'est de prendre le contr�le de la L�pi, de la plier � sa logique et � sa strat�gie de la triche. Ainsi, tout le monde fait semblant de partager le souci d'�lections propres. Mais chacun campe sur sa position de toujours : frauder � tout prix, frauder � n'importe quel prix.

La Chambre de Commerce et d'Industrie du B�nin, depuis bient�t deux ans, attend de conna�tre un fonctionnement normal, avec des responsables r�guli�rement �lus par leurs pairs. Des experts ont �t� commis. Des textes r�gissant la structure ont �t� relus, revus et corrig�s. De nouvelles r�gles ont �t� �dict�es. Et pourtant, les noirs nuages qui encombrent l'horizon de l'institution sont toujours l�. Ils n'ont pas boug� et rien, dans l'ensemble, n'a boug�. Comme si le vieil homme qui sommeille en chacun des acteurs refusait de mourir.

Il y a d'abord que nous sommes dans le champ d'action des op�rateurs �conomiques. On ferait preuve de myopie si l'on ne percevait pas la capacit� de ceux-ci � articuler de s�rieux arguments sonnants et tr�buchants. Il y a ensuite que beaucoup d�couvrent soudain que la Chambre est un p�le de pouvoir. La conqu�te en vaut la peine. Il se trouve que la large bande de l'informel qui traverse le secteur d�limite une vaste zone de non droit. Il ne sera pas facile de la contr�ler. Il y a, enfin, que les consid�rations ethno-r�gionalistes agit�es par les uns et par les autres ont singuli�rement rapproch� nos op�rateurs �conomiques des politiciens. Comme s'ils �taient des fr�res jumeaux, fumant la m�me pipe et chiquant le m�me tabac. En effet, le choc des int�r�ts contraires n'a pas peu contribu� � politiser � outrance une proc�dure qu'on n'aurait d� jamais sortir de son p�rim�tre professionnel et corporatif.

Le football enfin. La crise qui frappe notre sport-roi est � circonscrire dans le cadre d'une guerre de leadership. Il a �t� plus facile, dans un premier temps, d'installer un syst�me de gestion de notre football qui n'avait pas encore fait conna�tre tous ses non-dits. Il a �t� plus difficile, dans un second temps, de mettre en marche le syst�me. Il �tait d�j� gangren� au d�part. La m�fiance s'�tant invit�e dans les relations des uns et des autres, la confiance allait vite s'�roder. Les visions s'�tant t�lescop�es, les ambitions des uns et des autres servaient tout sauf le football. Chacun ne voyait que les int�r�ts de sa petite personne. Foin des int�r�ts de la grande masse des amoureux du football ! Or, une maison divis�e contre elle-m�me est promise � la mort. Sage pr�cepte biblique � proposer � la m�ditation de tous.