M. Elenga, qui intervenait à une conférence internationale sur la gouvernance de l'emploi des jeunes en Afrique, a souligné que "le problème de chômage est très crucial en Afrique dans un contexte marqué par une crise de l'emploi partout dans le monde". "Les statistiques des structures spécialisées sont biaisées et sous-évaluent le chômage. Mais plus de 40% des jeunes africains sont à la recherche du premier emploi. Il suffit juste de regarder le nombre de jeunes sans emplois dans les rues pour avoir un idée de l'ampleur du phénomène en Afrique", a-t-il soutenu. "Tous les pays du continent sont touchés, particulièrement ceux qui sont en conflits ; les conflits paralysent un pays, créent une instabilité et empêchent les bailleurs de fonds de venir", a-t-il ajouté. Aussi, a-t-il regretté, qu'"il n'y ait pas beaucoup d'entreprises gérées par des nationaux", avant de soutenir que "les étrangers qui investissent dans le continent ne viennent pas pour absorber les jeunes chômeurs mais pour faire de la plus-value". Selon Elenga, "il y aura 182 millions de jeunes africains sur le marché du travail entre 2010 et 2050", citant le rapport du Bureau international du travail (BIT). "Cette arrivée massive de jeunes sur le marché est liée à la baisse de l'offre d'emplois mais également aux exigences très pointues du marché", a-t-il expliqué. "Il faut que l'emploi soit réellement une priorité des dirigeants africains avec des innovations politiques, organisationnelles et sociales", a-t-il suggéré. De son côté, le chef de service du contrôle de la législation à la direction de l'emploi au Congo-Brazzaville, Jean-Pierre Ossere, a estimé que "l'insuffisance de ressources financières et de ressources humaines de qualité constituent aussi une faiblesse dans la politique de l'emploi en Afrique". "L'autre problème, c'est que nous avons des marchés plus orientés vers le fonctionnariat, on pense que seuls les fonctionnaires ont de l'emploi alors qu'ailleurs les initiatives privées et l'auto-emploi sont encouragés", a-t-il relevé. "L'emploi est transversale et intègre beaucoup d'aspects, un seul ministère ne peut pas le gérer", a-t-il souligné et de soutenir que "les initiatives peuvent même partir du ministère de l'Environnement parce qu'on parle maintenant de l'emploi vert". "L'emploi constitue un problème économique mais également un enjeu social", a pour sa part souligné le ministre sénégalais de la Jeunesse et de l'Emploi, Mame Mbaye Niang. "L'emploi n'est pas une faveur mais un droit auquel aucun Etat ne doit se soustraire. C'est un enjeu de développement durable et un défi qui interpelle tous les gouvernements", a-t-il estimé. Il est d'avis que "chaque Etat doit inscrire la politique de l'emploi au cœur de ses priorités et savoir que l'emploi rural est aussi une opportunité pour booster l'emploi des jeunes". "Le chômage entraîne une vulnérabilité des jeunes occasionnant la délinquance juvénile, la ruée vers l'Europe et leur enrôlement par des groupes armés", a, de son côté, déploré Fatoumata Dia Sow de la Commission en charge de l'emploi et de la question du genre à la CEDEAO. "L'élaboration de plans nationaux est la première étape dans la promotion d'emplois des jeunes avec une approche inclusive et participative", a-t-elle proposé. Pour elle, "les jeunes doivent être le moteur de la gouvernance de leurs emplois et les autorités gouvernementales doivent juste jouer le rôle de facilitateur". Parlant de l'expérience canadienne, la ministre adjointe aux opérations territoriales à Emploi-Québec, Martine Béjin, a, pour sa part, estimé que "la politique appliquée au Québec avec les stages en milieu de travail peut être porteuse en Afrique". "Ces stages permettent aux jeunes d'intégrer le marché, de faire valoir leur savoir-faire auprès des entreprises et d'acquérir une première expérience", a-t-elle expliqué. "Les entreprises, qui sont en difficulté de recrutement, profitent de ces stages pour connaître les capacités des jeunes qui n'ont pas de diplômes et les recruter après", a-t-elle soutenu. Fin
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