L'UE aide la Tunisie

Les chefs de la diplomatie française et allemande ont terminé vendredi 25 avril une visite conjointe historique en Tunisie sur des engagements d'aide financière.

Le Premier ministre tunisien Mehdi Jomaa a déclaré que cette visite de Laurent Fabius et de Frank-Walter Steinmeier reflétait "le fort soutien en faveur de la Tunisie et de sa transition, ainsi que l'intérêt de ces deux pays amis et de l'Union européenne à venir en aide à la Tunisie durant cette phase".

"Ce que nous nous efforçons de faire, c'est de renforcer encore ces relations et de les faire avancer", a-t-il déclaré à l'AFP.

L'UE est le principal partenaire économique de la Tunisie, qui réalise 80 pour cent de ses échanges commerciaux avec ce bloc. La France et l'Allemagne se taillent la part du lion.

Les deux ministres ont félicité la Tunisie pour être sortie de la crise politique en se dotant d'un gouvernement non partisan composé de technocrates après des négociations auxquelles ont participé les syndicats des ouvriers et du patronat, ainsi que les principaux partis politiques du pays.

Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a annoncé vendredi lors d'un entretien avec la presse que son pays allait convertir la dette tunisienne, d'environ 60 millions d'euros, en projets d'investissement.

"Les 500 millions d'euros promis par le Président français François Hollande seront accordés prochainement à la Tunisie après une décision visant à accélérer leur transfert", a-t-il ajouté.

Jeudi, Fabius avait rencontré le Président tunisien Moncef Marzouki. A l'issue de leur entretien, le ministre avait déclaré : "C'est la première fois que les ministres des Affaires étrangères de France et d'Allemagne se déplacent conjointement à l'étranger. Nous avons choisi la Tunisie pour notre premier déplacement, pour venir exprimer notre sentiment de confiance envers ses efforts de mobilisation."

"La Tunisie s'est engagée sur la voie d'un modèle de transition et a réussi sa transition démocratique, notamment avec la ratification de la constitution", a-t-il ajouté.

L'expert en économie Moez Ejjoudi a commenté pour Magharebia cette visite des deux ministres en affirmant : "Ils représentent l'Union européenne, pas seulement la France et l'Allemagne, pour préparer la visite de Mehdi Jomaa la semaine prochaine en France."

Jomaa s'est récemment rendu dans le Golfe et aux Etats-Unis, pour y chercher un soutien économique et sécuritaire pour son pays.

Selon les chiffres officiels, le budget du pays enregistre un déficit de 5 milliards de dinars tunisiens (2,23 milliards d'euros) en raison du système de subventions, des services publics et des salaires.

Pour sa part, le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a déclaré vendredi que le Premier ministre Jomaa se rendra en Allemagne en juin à l'invitation de la chancelière Angela Merkel.

Mercredi, un communiqué de Steinmeier posté sur le site web de l'ambassade d'Allemagne affirmait que la Tunisie était "à ce jour le seul pays de la région à avoir su prendre des mesures importantes en faveur de la démocratie et du renforcement de la société civile".

"J'espère que ces visites seront couronnées de succès", a déclaré Mourad Mohali, fonctionnaire de 35 ans, à Magharebia. "Nous avons vraiment besoin d'aide."

Un avis que ne partage pas Sami Lazraq, chauffeur de taxi de 55 ans, pour lequel "nous ne devons compter que sur nous-mêmes".