La Tunisie et la Libye s'associent pour faire face à la crise

Des groupes de la société civile libyenne et tunisienne ont décidé d'unir leurs forces pour s'attaquer aux questions de la gestion des crises et du secours humanitaire.

Dans ce but, des ONG des deux pays vont mettre sur pied une organisation indépendante. L'annonce de la création de cette instance est intervenue dimanche 7 septembre à Djerba, en conclusion d'un séminaire organisé par l'Institut arabe des Droits de l'Homme.

Les participants ont défini les tâches de cette organisation partagée et permanente, espace commun pour la construction du savoir, des compétences et des expériences.

L'instance sera également un outil de lutte contre les manifestations de violence, de haine, de ségrégation et d'intolérance.

D'après le président de l'Institut arabe des Droits de l'Homme Abdelbasset Belhassen, cette organisation est basée sur des principes d'indépendance, de transparence et de participation.

"La priorité sera donnée à certaines situations humanitaires urgentes apparues suite aux derniers événements en Libye, et à trouver des solutions pour protéger les droits et les meilleurs intérêts des enfants en âge de scolarisation qui ont été déplacés de leur pays," a expliqué Belhassen.

Selon le ministère de l'Intérieur, la Tunisie accueille environ 300 000 ressortissants libyens déplacés. Ce nombre comprendrait des combattants de toutes les parties du dernier conflit libyen en date.

Comme l'affirme Ghazi Moalla, spécialiste des affaires libyennes, une commission conjointe est "nécessaire compte tenu des circonstances".

Mais selon lui, le risque de propagation du conflit libyen est faible, la majorité des Libyens qui se trouvent en Tunisie étant "des familles à la recherche de sécurité".

Le Dr Moncef Wannes, chercheur et spécialiste des affaires du Maghreb, a lancé une mise en garde concernant les scénarios possibles pour l'avenir du conflit libyen.

"Si les confrontations se poursuivent en Libye, un afflux de Libyens rejoindra la Tunisie, particulièrement la région occidentale. Ceci représente en soi un problème important que le gouvernement devra traiter avec sagesse," a relevé Wannes.

Wannes a aussi prédit qu'avec la persistance des troubles sécuritaires en Libye, le trafic d'armes vers la Tunisie pourrait également s'intensifier.

Et les groupes takfiristes libyens pourraient aussi "chercher à commettre une opération terroriste d'envergure dans les pays voisins comme la Tunisie afin d'exporter la crise libyenne," a-t-il ajouté.

"L'arrestation récente par les services de sécurité tunisiens de huit terroristes qui tentaient de s'infiltrer sur le territoire de la Tunisie constitue la meilleure preuve de cette hypothèse," a conclu Wannes.